En marche… avant ou arrière?!

Cet article va être un peu sérieux. Je vais vous parler d’un sujet qui me tient à coeur : l’intégration des élèves et étudiants handicapés.
Cette année, le gouvernement a mis en place un nouvelle plateforme d’orientation pour les lycéens, ParcourSup. Je ne vais pas entrer dans les détails ici mais les lycéens émettent des voeux pour plusieurs formations postbac. Le grand changement est que les formations étudient chaque dossier, ce n’est plus un algorithme qui fait les répartitions.

Depuis quelques jours, je voyais des rumeurs circuler sur les réseaux sociaux parlant d’un problème entre les lycéens handicapés et ParcourSup mais je ne parvenais pas à trouver vraiment une source officielle…

Mais heureusement je ne décroche jamais de France info ;).
Ce samedi matin, la chargée des questions liés à l’éducation de l’Association des Paralysés de France (APF) a été interviewée.
Voici le fichier audio de l’interview que la journaliste de France Info m’a gentiment envoyé.

INTERVIEW

Pour résumer, avant ParcourSup, dans certaines académies, des commissions recensaient les élèves handicapés pour, si besoin, expliquer aux responsables des formations les situations particulières. Par exemple, expliquer qu’un élève a fait son lycée en 4 ans au lieu de 3  non pas parce qu’il n’était pas bon élève mais parce qu’il avait eu des problèmes de santé liés  à son handicap. Ou alors qu’il était tout à fait compétent à l’écrit et à l’oral grâce à des aménagements etc. En quelque sorte, ces commissions jouaient le rôle d’un intermédiaire neutre et officiel, rassurant sans aucun doute les formations qui allaient accueillir l’étudiant handicapé. L’APF demandait la généralisation de ces commissions dans toutes les académies…
ParcourSup a répondu à la demande de généralisation en supprimant toutes les commissions existantes (c’est certes une généralisation mais bon…). Ainsi, aujourd’hui, il n’y a absolument aucune procédure pour prendre en compte le handicap d’un candidat. Le lycéen peut certes décrire son handicap, « en vrac », dans sa lettre de motivation mais l’APF explique à juste titre que les lycéens hésitent à indiquer leur situation de peur d’être mis sur la touche selon les formations et les places disponibles.
Dans la nouvelle loi d’orientation, seule une procédure de recours au près du rectorat pour réexamen est prévue. Mais pourquoi une procédure de recours? Pour assurer un taux d’adrénaline aux lycéens handis? Pour ne pas laisser les familles sans paperasse à faire (des fois qu’elles s’ennuieraient)?  Et si le recours est accepté, ils vont virer un autre élève qui avait pourtant fêté son admission pour donner la place à l’élève handi? Le retard dû au recours induira un retard non négligeable pour chercher un logement, pour organiser la « nouvelle vie d’étudiant », chose qui peut être à la base bien ardue selon le handicap. Faire son entrée dans l’Enseignement Supérieur à coups de recours, on aurait pu souhaiter mieux pour l’ « inclusion » servie à toutes les sauces par le gouvernement…

Grandes Lignes du communiqué de presse de Sophie Cluzel daté du 5 décembre 2017 :

« Permettre à l’École de la République d’être pleinement inclusive


Offrir le droit à une scolarisation de qualité à tous les élèves en situation de handicap, en répondant à leurs besoins éducatifs particuliers, passe par une transformation profonde et pérenne du système éducatif et médico-social.

Cette ambition forte traduit l’engagement du Président de la République et du Gouvernement de faire du handicap une priorité de ce quinquennat.« 

J’ose espérer que pour le gouvernement, la « scolarisation de qualité » des élèves handis ne doit pas s’arrêter au secondaire…

Mon orientation PostBac remonte maintenant à un certain nombre d’années. Et c’était plutôt facile, j’avais un bon dossier et je demandais la prépa de mon lycée. Mais quand j’ai passé les concours d’entrée aux Grandes Ecoles, je me rappelle que mes profs m’avaient suggéré de contacter les écoles préalablement pour vérifier leur accessibilité. J’avais refusé pour ne pas me censurer et ne pas me « signaler « à l’avance. Je comprends donc tout à fait les lycéens qui ne veulent pas parler de leur handicap dans leur lettre de motivation.
Résultat, quand j’ai été admise à Phelma, on a contacté la direction. Avec mes parents, nous avons passé une journée entière avec des membres de la direction et de l’équipe éducative pour visiter tous les locaux pour identifier les besoins et les travaux ont été immédiatement effectués. Ceci est de la véritable inclusion!

Enfin, dans l’interview, la membre de l’APF souligne que l’accessibilité est loin d’être généralisée (décidément la généralisation…) et que même des bâtiments neufs post-2005 ne sont pas totalement accessibles. Ces jours-ci, un jeune étudiant handi a été refusé par une école de journalisme de Paris à cause de locaux inaccessibles…
Le Monde a publié un article montrant qu’à la fin de 2014, 700.000 bâtiments n’étaient pas accessibles, 250.000 bâtiments ont été accessibles dès leur construction et 50.000 bâtiments ont été rénovés…
Je travaille sur un campus universitaire, dans un bâtiment en cours de rénovation. Notre aile est complètement rénovée, mais je ne peux ni entrer ni sortir du bâtiment seule à cause d’une porte trop lourde. L’université était tout à fait prête à m’installer un groume motorisé, puisant dans le fonds réservé pour les salariés handis mais il semblerait que les proprios du bâtiment veuillent s’en occuper. Pour l’instant, le matin j’attends que quelqu’un passe pour m’ouvrir. Les matins neigeux et pluvieux, je me débrouille mais la porte se referme sur mon épaule, le temps que je manœuvre le fauteuil.
Tous les WC ont des groumes qu’on a dévissés à ma demande mais uniquement à mon étage. De plus, toutes les salles de cours (!!) sont aussi équipées de groumes.

Supposons  alors que je sois au rez-de-chaussée en réunion dans une salle de cours : j’ai une envie pressante, je dois demander à quelqu’un de m’ouvrir la porte de la salle pour que je sorte, je prends l’ascenseur pour le 2nd étage, « mon étage », je vais aux WC dégroumés, ceux avec la barre d’appui du bon côté… Drame : il y a déjà quelqu’un dedans!

Last but not least, en octobre 2017, le Président Macron a voulu « rassurer » le monde du bâtiment et un « projet de loi prévoit d’abaisser de 100 % à 10 % la part de logements accessibles aux personnes handicapées dans les immeubles neufs. Les 90 % restant devraient simplement être évolutifs. » (Source, FaireFace). Certes, on parle ici des immeubles de logement mais cela laisse rêveur…

Source Europe1.fr

 

 

 

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1 réponse à En marche… avant ou arrière?!

  1. establet dit :

    Ton excellent rapport, tu dois le communiquer à au minimum B. Macron, qui est censée s’occuper beaucoup de ces questions on n sait jamais ??? et tu demandes réponse. Et à d’autres que je ne connais pas.

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