A qui ouvrons-nous?

Depuis mars, une de mes auxiliaires de vie, en CDI, est en congé maladie qu’elle renouvelle chaque mois au dernier moment. Je suis l’employeur donc il m’incombe de trouver des remplaçantes. Or, cela coïncide avec une augmentation de besoins d’aide humaine me concernant. Pendant plusieurs mois, grâce à mes voisins employeurs également d’auxiliaires, j’ai pu avoir des remplaçantes.

Mais en septembre, je me suis retrouvée au pied du mur :

ma vie professionnelle était mise en jeu, il fallait impérativement que je trouve une auxiliaire si je voulais pouvoir aller travailler.

J’ai donc lancé un recrutement en urgence, sur les réseaux sociaux et sur divers sites… Il faut savoir que depuis le covid il est extrêmement dur de recruter des aides à domicile. Les agences d’auxiliaire sont tout autant saturées que l’emploi direct.
Au dernier moment, j’ai rencontré une candidate motivée, joyeuse suite à mon annonce sur facebook. J’avais trouvé ! Gros soulagement, pour ma famille également.

Les premiers jours se sont très bien passés, l’auxiliaire s’avérait efficace, ponctuelle. L’auxiliaire titulaire prolonge son arrêt, je fais immédiatement un avenant du CDD de la nouvelle pour sécuriser l’embauche en le prolongeant…

Au fil des jours, j’ai découvert un contexte de vie très dur pour la nouvelle recrue avec des procès dans les plus hautes juridictions…

Mais j’étais contente, j’avais l’aide dont j’avais besoin, je pouvais aller travailler…


Puis vient une première absence puis une autre prolongée puis un message un samedi soir m’annonçant qu’elle ne pourrait plus du tout venir travailler…

Ce matin, nous avons fait la procédure de rupture de contrat, un mois après le recrutement. Elle m’explique alors qu’elle souffre de graves troubles et qu’elle a du mal à être rigoureuse avec le traitement… Une connaissance la croise par hasard et me dit la reconnaître et que le contexte familial est effectivement réputé pour être très lourd…

J’ai une double vie, ingénieure mais surtout DRH, pompant toute mon énergie et « ma charge mentale ». Je diffuse des annonces, je rencontre des parfaites inconnues à l’extérieur, je fais des essais seule avec la candidate chez moi, je fais des contrats et des documents de fin de contrat…

Alors je me pose une question :
La pénurie d’aide à domicile oblige les personnes handicapées à recruter en extrême urgence des personnes, souvent par dépit, qu’elles font entrer dans leur intimité à huis clos. Nous sommes forcément dans une position vulnérable puisque nous dépendons de leur aide pour nos vies perso et pro. Que faudra-t-il pour faire réagir l’opinion publique?

Pour finir sur un sourire, voilà quelques perles que j’ai eues lors des entretiens (détail important, dans l’annonce, le planning est précis) :

– « Ah ben… J’ai mes enfants une semaine sur 2 donc voilà… »
– « Ah oui vous parlez avec ça (la synthèse vocale)… Ben on fait comme on peut! »-
– « Pas de problème pour un CDD. De toute de façons, les CDI ça n’existe pas. Je m’occupe des vieux, ils finissent par mourir »-
– « Je peux pas faire 2 jours (sur 4) mais j’ai une amie qui peut! »


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1 réponse à A qui ouvrons-nous?

  1. Pierre dit :

    Courage Emmanuelle ! C’est inquiétant, stressant et scandaleux

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